Comment vit-on le Ramadan au sein d’une famille islamo-chrétienne ? Témoignage de M. et N. parents de 4 enfants.

En tant que musulmane, je respecte les rites traditionnels du Ramadan. Depuis l’âge adulte, j’ai toujours jeûné, prié cinq fois par jour, donné l’aumône et payé ma Zakat. Chaque année, je me fixe également des objectifs comportementaux, m’efforçant de contrôler mes émotions et ma colère par exemple.  

Durant le mois de Ramadan, j’exprime deux attentes principales envers mon conjoint chrétien pendant le Ramadan : d’une part, qu’il me soulage dans les tâches quotidiennes pour que je puisse me concentrer au mieux sur mon jeûne, et d’autre part, qu’il évite de consommer de l’alcool pendant cette période sacrée.

Vivre le Ramadan aux côtés de mon conjoint chrétien est une source d’enrichissement dans le vécu de cette période sacrée, car nous nous questionnons beaucoup sur le sens que nous donnons à nos actes.

Cette année, alors que le Carême et le Ramadan coïncident, nous avons décidé de nous soutenir mutuellement, en couple, dans cette période d’introspection religieuse. Cette démarche se fait naturellement et sans contrainte, car nous respectons la foi et l’intimité de l’autre.

Durant le mois du Ramadan, nous avons instauré un temps de prière en couple, ainsi qu’un temps de prière où toute notre famille prie ensemble, généralement le dimanche soir.

Pour nous, cette période est semblable à un calendrier de l’avent : Chaque jour, l’un d’entre nous choisit une intention spécifique. Cela signifie que lorsque nous pensons à Dieu au cours de la journée, nous portons l’intention qui a été partagée par un membre de notre famille.

De plus, nous avons mis en place une cagnotte que nous alimentons ensemble pour venir en aide aux plus démunis. En famille, nous décidons de la manière dont cet argent sera utilisé. Nos enfants participent activement à cette démarche, proposant par exemple de faire des dons à la mosquée ou à l’épicerie sociale de notre ville.

Nous nous engageons en famille à aider une personne en difficulté de notre entourage en lui offrant notre aide pour le ménage et en préparant des repas par exemple.

Quant à nos enfants, nous les encourageons à participer au Ramadan selon leur propre volonté. Nous leur avons expliqué que le jeûne n’est pas une obligation, mais une expression de leur foi personnelle. Nous encourageons nos enfants à fournir des efforts et à améliorer leur comportement pendant cette période, en insistant sur l’importance du partage et de la prière.

Nous les accompagnons dans cette démarche, en mettant l’accent sur le sens qu’ils mettent derrière ce jeûne. Ainsi, nos trois aînés ont choisi de jeûner à leur manière, chacun selon ses capacités et ses motivations. Notre fille aînée a décidé de jeûner pleinement ; avant qu’elle ne commence, en tant que parents, avons pris le temps de discuter avec elle pour nous assurer que c’était le bon moment pour elle.

En tant que conjoint chrétien et ayant grandi au sein d’un foyer islamo-chrétien, j’ai été immergé dans l’atmosphère du Ramadan dès mon enfance. Cette période m’est particulièrement chère, et empreinte de nostalgie. Nous avons trouvé dans une notre famille une façon de partager ensemble ce mois, en harmonie. Cette année, avec le Ramadan et le Carême qui se chevauchent, nous nous concentrons particulièrement sur la prière, le partage et le jeûne, des valeurs communes à nos deux traditions religieuses. Pour moi, le Ramadan est avant tout synonyme de partage. Cette idée de générosité et de partage est très présente, notamment à travers les repas qui marquent la rupture du jeûne. Tout le monde est plus enclin à la générosité, un peu comme l’esprit de Noël, avec son caractère festif et solidaire.

Pour nous, les moments les plus beaux du Ramadan sont ceux où nous partageons la prière, où nous ressentons une profonde communion spirituelle, et où nous voyons nos enfants s’investir avec fierté dans le Ramadan. Nous sommes conscients que c’est une période où les portes du paradis s’ouvrent et où il est essentiel de se rapprocher de Dieu, et des autres.

Quant aux défis, maintenir le rythme et surmonter la fatigue peuvent être difficiles, mais nous trouvons du réconfort dans notre soutien mutuel.

Dans notre dialogue conjugal, nous mettons l’accent sur l’explication et la signification de nos actions, ce qui nous permet de partager plus profondément notre foi l’un à l’autre.

Pour notre famille, le Carême et le Ramadan représentent deux mois de grâce parmi les douze de l’année. Bien que cela puisse sembler long, nous sommes finalement remplis de joie à la fin de cette période.