R.
Témoignage paru dans la revue Nouvelle Cité de mai-juin 2012
Catholique, j’ai épousé une musulmane… vivant donc le dialogue au quotidien, avec ses richesses, avec ses difficultés.
Difficulté des mots qui peuvent avoir un sens différent selon la religion, et deviennent source de malentendus. Difficulté de certaines pratiques religieuses qui ne peuvent être vécues en couple, rappel parfois douloureux de nos divergences. Difficultés avec l’entourage, notamment avec ma belle-famille musulmane, notre mariage étant considéré comme impossible par l’avis majoritaire en Islam.
Mais richesse de la réconciliation avec cette famille lorsqu’on donne le temps au temps. Richesse du partage spirituel -entre autre en groupe Parole de Vie- nous qui sommes convaincus de cheminer vers le même Dieu, quelle qu’en soit notre vision. Richesses de nos deux enfants, auxquels nous laissons la liberté de conscience, tout en cherchant à vivre devant eux en témoins de nos religions respectives, ce qui nous pousse à approfondir la connaissance que nous en avions. Richesse des fêtes religieuses partagées en famille, des « pèlerinages » sur Chartres avec le Groupe d’Amitié Islamo-Chrétien (GAIC), ou sur Vieux-Marché pour le pardon des 7 saints. Richesse de toutes ces rencontres que nous n’aurions jamais faites si nous ne nous étions pas mariés, notamment dans le cadre du Groupe des Foyers Islamo-Chrétiens (GFIC), au sein duquel nous échangeons autour de nos interrogations, de nos réponses, sachant qu’il n’y a jamais la réponse, chaque couple construisant ses réponses… des réponses qui évolueront au fil du temps.
Grâce au miroir de l’autre, nous évoluons, et -nous l’espérons- progressons vers notre Seigneur, le Seigneur de tous les hommes.